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Le jardin du Curé

5 Avril 2017 , Rédigé par Agnan KROICHVILI Publié dans #Textes 2017, #LeGrandSerre, #Artetlamatière, #exposition, #Drômedescollines, #LArtetlaMatière

Le jardin du CuréLe jardin du Curé
Le jardin du Curé

Le jardin du Curé                                                                                      le 4 avril 2017   2h30mm

 

Il y avait là trois colombes

Aux ailes bien fragiles,

Comme un dernier rempart,

Trois volatiles, assez futiles

Que durant deux ans encore

Je venais nourrir chaque semaine.

Elles avaient pris le pli

Et m’accueillaient de leur chant

Qui ravissait aussi l’ami,

Qui ravivait aussi l’ami

Comme une flamme du souvenir.

Jusqu’au jour où,

Je fus dessaisi des clefs

Et ne pouvais plus les accompagner

Jusqu’au jour

De leur propre mort.

Elles furent sans doute étonnées,

Elles aussi, sans doute effarées

Le jour, où l’on ouvrit leur cage pour les saisir,

Comme un bien immobilier en héritage.

L’une d’elles s’échappa à tire d’aile,

Les deux autres furent confiées

Sans aucun autre retour

Qu’une parole que j’espère fidèle,

Que je crois sincère.

Le sort en était jeté.

Je savais qu’il y avait une autre volonté,

Celle de s’emparer de ce lopin de terre,

L’ami m’en avait fait part,

Il m’en demanda sa défense.

Elles offraient là une dernière résistance

Quoi de mieux que trois colombes pour la paix.

 

Le jardin du Curé

Aujourd’hui une manifestation « résidence »

Associant l’art sous toutes ses formes,

Même les plus annihilantes,

Pour un dernier sacrifice archaïque

En préambule de cette préemption,

Possible uniquement en rasant,

Une maison sans nom,

Mais pas sans prix,

Dernier obstacle au projet.

Dernier fil rouge d’une trame

D’un esprit bien malin,

Qui fit déjà irruption par le passé,

Dans le jardin du presbytère,

Lors des jardins ouverts,

Une manifestation arborant dès lors l’art en bannière,

Auquel l’ami se prêta,

Son accueil était déjà renommé et inégalable.

C’est là qu’il vit sans doute le danger venir,

On le savait affaibli,

Comment lutter contre ces autres oiseaux,

Vautours.

Au nom de l’utilité publique,

L’espace sera ainsi sans doute renommé,

Jardin public, promenade publique,

S’affranchissant du passé,

Achevant de faire table rase

Tout autour de l’église St Mamert

Au plus profond des ses fondations.

J’en prédis même une future déchéance,

Sous forme de parking, sans préavis.

Peut-être que je me trompe,

Sa destinée serait-elle encore plus perfide ?

Je ne peux que me soumettre,

Rendant les armes que m’avait confiées,

Celui qui a rendu l’âme,

Avec ses derniers mots,

SORRY AB IMO PECTORE SORROW.

Le destin est sans hasard

De calendrier,

Dix jours avant les 89 ans du Père Jean,

Triste anniversaire.

J’espère ici un accueil plus chaleureux,

Plus attentif que cette assistance

Qui lors du débat,

Me voyant me débattre

N’offrit comme assistance

Qu’un applaudissement assourdissant

Tournant les talons,

Tuant le chant du cygne,

L’une me fit même signe de me taire

De ses mains en forme de bec d’oiseau,

Le langage des sourds et muets.

 

 

Le jardin du Curé
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A
beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte et un enchantement.N'hésitez pas à venir visiter mon blog. au plaisir.
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M
Quelle tristesse, ces lieux pleins de souvenirs envahis par une vie qui n'est pas la leur...
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