« Impressions de déjà vu, second volet »

Exposition Gigny sur Suran  du 8 au 07 août 2011

« Impressions de déjà vu, second volet » Agnan KROICHVILI

Ce second volet nous invite d’entrée, avec 1200 petites têtes recouvrant le tableau noir de l’ancienne école à  un face à face avec le triptyque photographique de Martin Becka.impression de déjà vu, dédale funéraire 2010

Hier et aujourd’hui.

Hier avec la commémoration des 1100 ans de la fondation de Cluny, le 11 septembre 910, 910 comme le nombre de petits bonshommes de papier Kraft accrochés à Baume-les-messieurs.

Nous voici cette année dans un autre anniversaire, celui d’un autre 11 septembre, deux tours parallèles : c’est ainsi qu’ils furent exposés autrefois avant d’être mis en réserve. Les dimensions de ce tableau d’école et sa forme de triptyque m’invitent à les sortir de leur réserve, comme autant de présences à l’événement, vous, nous, dans ce face à face au temps qui passe, tournés vers l’avenir dans l’espoir du prochain anniversaire, celui des 1200 ans, le troisième volet.

C’est ainsi que ce tableau s’articule dans l’exposition avec les visages de disparus figés dans la pierre par leur gravure, nous invitant à la mémoire, à faire mémoire.

J’ai poursuivi le relevé des dalles funéraires, avec celle du prieur Mayeul de Rebucin de Gigny, d’autres versions de Jean Chevrier également  prieur de Gigny, puis d’autres viennent enrichir cette collection provenant de l’abbaye d’Ainay (Lyon-69), du prieuré de Lancharre (71) et pour finir d’une autre abbaye ayant partagé l’histoire avec Gigny : L’abbaye du Miroir (71).

Ce travail participe d’un long cheminement, rythmé de coïncidences, un geste contemporain évoluant sans cesse m’appelant dans d’autres lieux tels que l’abbaye de Mégemont ou La Bénisson Dieu, demain.

Bien du chemin a été parcouru depuis la première empreinte d’un relevé fait au sol d’une plaque de fonte de la rue en 2008  avec de la peinture acrylique. Des chemins non seulement dans différentes régions et par tous les temps mais aussi dans la création, m’emmenant encore plus loin avec toujours l’interrogation du rendu.

Plusieurs étapes ont été franchies, du simple relevé par enduction de peinture sur une feuille de papier posée sur la dalle, au relevé sur feuille plastique transféré sur carton plume par gravure et maintenant sur feuille de multiglass, nous rappelant l’art du vitrail de par la transparence de la matrice ainsi créée, offrant la possibilité de multiples impressions et variations. Ainsi, après avoir déplacé l'atelier dans les églises, la reconstitution de ces dalles me permet en toute liberté à l’atelier une nouvelle confrontation.

 Dans cette répétition du geste, je me rappelle cet entêtement de Claude Monet dans son face à face avec le portail de la cathédrale de Rouen, ou celui de Zoran Music avec les façades et les intérieurs de cathédrales, peut-être plus qu’un simple exercice ou une recherche sur la lumière.

Voilà pour répondre à la critique remettant en cause cette démarche que le support de mes impressions peut déranger en ce qu’il concerne la mort, la couleur neutre choisie de noir et de blanc, plus qu’une économie de moyen est bien  un accent porté sur le graphisme du dessin et de la lettre de ce  motif qui a su traverser le temps et pour longtemps encore, au-delà des modes et des courants d’art. Ces dalles funéraires, véritable patrimoine, éveillent toujours notre curiosité, nous rappelant notre condition, nous invitant au recueillement et à l’effacement en toute humilité devant l’insaisissable.

Rappelons ici pour terminer la lettre aux artistes du Pape Jean Paul II et son introduction

«  À tous ceux qui, avec un dévouement passionné, 
cherchent de nouvelles «épiphanies» de la beauté
pour en faire don au monde 
dans la création artistique ».

lien vers d'autres expositions cet été Narthex