Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les anges florissants

24 Juin 2023 , Rédigé par Agnan KROICHVILI Publié dans #Textes 2023, #Textes Exposition, #Installation, #jardin médiéval, #Saint-Antoine l'Abbaye, #Musée, #Isère, #anges, #Abbaye

Les anges florissants

   Les anges florissants

Exposition/installation du 29 juin au 5 novembre  Jardin médiéval du musée départemental de Saint-Antoine-L'Abbaye (Isère) dans le cadre de l'exposition du musée Ars Musica, l'harmonie du monde

 

Au commencement deux toiles d’après les relevés des dalles funéraires d’Humbert de Brion en 2015 et d’Arnauld le Vassaut en 2022 dans l’église abbatiale de Saint-Antoine-L’abbaye, la première exposée à la Nuit des Églises en 2019 coïncidant avec l’anniversaire des 900 ans de la dédicace de l’abbatiale.

Tout ce travail s’inscrit dans une dynamique liée au départ aux 1100 ans de la fondation de Cluny en 2009-2012 sur le site de Baume-les-Messieurs, au 950e anniversaire de la dédicace de l’abbatiale de Moissac en 2013, prolongée  en 2014 avec une exposition au musée archéologique de Dijon à partir d’une collection lapidaire très importante comprenant des dalles funéraires qu’il s’agissait de mettre en valeur. Puis en 2019 avec le millénaire de l’abbaye Saint-Philibert de Tournus, où Humbert de Brion trouva sa place naturellement. C’est au prieuré de Marnans que fut exposée pour la première fois la toile d’Arnault le Vassaut avec celle d’Humbert en 2022.

Un parcours qui me conduit  par une technique inédite, fruit de mes expériences passées, à renouveler notre regard sur les inscriptions de pierre et les figures des personnages, ainsi que des anges retenant notre attention aujourd’hui.

Habituellement au sol ils figurent des anges porteurs d’encens (anges thuriféraires), porteurs d’âmes (anges psychopompes) ou de cierges (anges céroféraires), révélées, les toiles relevées, c’est  cette élévation qui nous conduit à celle des anges musiciens de l’abbatiale de Saint-Antoine. Par leur présence dans les écoinçons des arcs du triforium, à perte de vue en levant les yeux, l’idée de les ramener sur terre survint, faisant suite à d’autres compositions antérieures. L’une d’elles « aux anges » avec plus de 34 anges relevés sur les dalles funéraires, une autre à partir du chancel de l’église Saint-Mamert du Grand-Serre recevant un ange découpé survolant les arcades.

 

C’est bien dans cette continuité que s’inscrit ce travail qui retient la transparence des matrices préalables à l’impression en tant que volumes, permettant ainsi une installation au cœur du jardin médiéval « Les anges florissants », avec chacun leur instrument en résonnance avec l’exposition du musée de Saint-Antoine-L’abbaye : Ars Musica, l'harmonie du monde et aussi avec le Festival Berlioz par un autre chemin sur le Domaine de Dony. Ici une interprétation toute en transparence des anges du triforium de l’abbatiale, installée dans le jardin médiéval, recréant avec l’ombre et la lumière à portée de vue, une invitation à nous laisser surprendre aux différentes heures de la journée comme le gnomon du cadran solaire ou par les brillances et transparences au cœur du jardin, se jouant là d’une fleur, là d’un végétal et sans doute de quelques perles de pluie ou de rosée au petit matin, le tout dans une autre réalité.

 

Descriptif pour le panneau sur le site

Mercredi 28/06/2023  4h3

Ce travail résulte d’un long processus créatif qui nous amène à cette installation inédite en extérieur, des  neuf matrices exécutées à partir des anges musiciens du triforium (XIVe siècle) que nous retrouvons dans  le jardin médiéval. Elle se présente sous forme de rouleaux, en effet le film PVC utilisé d’abord comme matrice en plan horizontal retrouve alors de par la mémoire de forme lors de leu r fabrication l’état de rouleau ou colonne. Traité alors en plan vertical il évoque à la fois les tubes de verre préalables à la fabrication des vitraux, de même que le dessin réalisé à la colle à chaud en saillie évoque les baguettes de plomb liées à l’assemblage, rendant alors perceptible le dessin à défaut du son de leur instrument.

 Contrairement au principe classique de gravure, le motif est  traité à l’endroit et non à l’envers, en relief et non en creux, la grande toile présentée à l’accueil du musée est une « impression » réunissant ainsi les anges musiciens. Le procédé permet  par frottage  en effleurant la toile qui recouvre le multiglass avec un rouleau de peinture d’empreindre le relevé. Ainsi contrairement aux procédés traditionnels la matrice n’est pas enduite de peinture ou d’encre puisque recouverte par la toile qui épouse toute inscription en saillie par gaufrage. De ce fait la transparence du support n’est pas altérée offrant une seconde lecture au gré de la lumière et de l’environnement. Nous avons placé délibérément l’orgue portatif à proximité  de la fontaine comme dans le tableau de l’agneau mystique des frères Van Eyck  ainsi que le psaltérion dans le jardin du paradis (Paradiesgärtlein)  là où l’on représente l’enfant Jésus jouant de cet instrument. C’est dans le silence du jardin et sa luxuriance que nous laissons percevoir à portée de vue, du ciel vers la terre, leur présence, une invitation à lever les yeux là où ils sont, un instant éphémère, fragile, le temps qu’un ange passe, le temps de nous surprendre et de suspendre le temps.

Une réalité augmentée de manière contemporaine, rouleaux sertis d’une bordure de bois comme un banchage, lestés de sable et d’ardoise les arrimant au sol avant un prochain envol, le temps que le sable s’écoule et devienne grain de sable comme celui de nos châteaux d’antan d’enfance tracés à la craies sur nos ardoises, le temps de l’insouciance.

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article