"de pierre en pierre"

Tenter d’expliquer son geste

Dans ces passages à l’acte peint, n’est pas facile.

Certes, il n’est pas question ici de justification,

Même si à nos yeux, ces révélations

Amènent une réconciliation

Aux regards de l’histoire

Pris dans des chapes de pierre

Avec toujours ce quelque chose qui nous échappe

De pierre en pierre,

Qui recouvrent le mort à notre vue

Appelant un chapelet de prière

Sous les voûtes de pareilles pierres

Erigées en chapelles, églises, cathédrales et abbayes.

Amen est souvent le mot final qui les accompagne.

Il y a bien quelque chose en nous qui s’efface

Alors que dans un même temps la peinture s’épuise

A révéler le trait qui exerce notre attrait

De par ces figures et ces lignes d’écritures réchappées de l’oubli.

Il n’est plus question que de tableaux

C’est notre être tout entier

Qui se trouve confronté de plain-pied

Avec cette matière,

Engageant le corps

Dans une reconnaissance

Faisant appel à d’autres savoirs,

Fouillant dans nos mémoires collectives

Cherchant une correspondance,

Une réponse dans la pierre.

Cela me rappelle une recherche en terre

Animant par le passé ma passion d’archéologue

Où il nous fallait sauver de la destruction

En le détruisant, le vestige, certes relevé

Mais ne reproduisant en rien là,

L’émotion vive du vivant sur terre.

Agnan KROICHVILI

Le Grand Serre, le 10 avril 2014

Le dessin gravé révèle « en creux »

Comme une apparition,

Une image qui devient soudainement contemporaine

Par l’événement que crée le geste de peindre,

Quelques gouttes versées pour en rendre témoignage.

Ces dalles, foulées à nos pieds jusque là

Usées par des allers retours et soupirs sans fin

Disparaissant de la portée de nos regards

Les voilà rejoignant la verticalité d’un arbre dressé vers le ciel.

Agnan KROICHVILI

Le Grand Serre, le 25 avril 2014