Ce Jour là

Ce Jour là Le 12/12/15 6h30

Quasi un mois d’intervalle,

Jour pour jour,

Un recul nécessaire

De l’émotion à l’impression,

Un interlude

Interminable à vivre

Entre ces pics

De ce qui fera plus tard l’histoire.

Nous voilà à gravir dans ce creux

Et à graver en creux

Sur un mode toujours binaire,

Entre plein et délié

Noir sur blanc

A remémorer l’instant

Pris dans l’écho des voix qui se font toutes entendre

Jusqu’à la cacophonie.

Ce jour là

Presque un doux passage de tranquillité,

Je me rappelle avoir évoqué les derniers attentats

Ceux de Charlie,

L’année qui se termine,

Enfin passer à autre chose,

Un an tout neuf.

Ce jour là

Il s’agissait d’aller voir une exposition

D’emprunter des livres, des films, etc…

Mais aussi de croiser des regards

Dans une insouciance de prime jeunesse.

C’est sans doute le décalage entre notre quotidien

Et l’abrupt de la nouvelle

Avec ses rappels toujours plus vertigineux

Qui ancrent encore plus fort notre mémoire.

Ce jour là

Il s’agissait d’aller voir une exposition,

Motivé encore plus par la présence

De l’œuvre d’un ami très cher disparu.

Une exposition, installation de l’IAC *

Avec une mise en scène

Ayant pour centre dans le puits de lumière,

Son mannequin, celui d’Henry Ughetto

Aux 150 000 gouttes de sang

Dominé par neuf autres, d’un autre artiste,

Les backs d’Anna Abakanowicz

Non pas bustes mais des dos sans têtes,

Me rappelant les guerriers découverts en Chine,

Tournant le dos aux livres, dos à dos

Côte à côte, tournant de l’histoire.

L’Art a ceci de fascinant

Qu’il nous fait nous évader à chercher le sens,

Parfois bien loin du propos de l’auteur,

Pourtant, on retombe toujours sur nos pieds.

Pour ma part,

Je cherchais l’équation, toute mathématique

Son adéquation avec l’œuvre environnante

Dédiée à la médiathèque de La Côte-Saint André

Et cette irruption soudaine d’un autre travail.

Ce qui bien sûr me frappa,

C’est ce chiffre neuf encore omniprésent,

Sans compter le mannequin 45 d’Henry

Encore un multiple de 9.

Et puis, et puis patatras

Le décompte du bataclan surgit

7, 8, 9, neuf terroristes,

Une mare et des millions de gouttes de sang,

19, 20,30 finalement 130 victimes à ce jour,

Le 11/09, le 07/01 et 310 jours plus tard

le 13/11, novem,

le neuvième mois du calendrier romain,

911,913 les chiffres s’emballent dans ma tête

117 poteaux, plus 3 font 120

Plus 6 à St Siméon de Bressieux l’autre site **

Plus on s’en approche, plus on s’en éloigne,

Impression du soleil levant au petit matin

Expression de plus en plus vive de l’émotion,

Les poteaux d’acier,

Qui n’étaient que bois des arbres

Un hymne à la nature

Deviennent ceux des suppliciés, des fusillés,

Des martyrs.

Et déjà s’égrènent leurs noms, leurs prénoms

Ils nous deviennent familiers

Par leurs regards que nous aurions pu croiser,

C’est eux, c’est nous

De confuses paroles,

Des forêts de symboles,

Des regards familiers,

Correspondances,

C’est eux, c’est nous

Le jour s’est levé.

*IAC Institut Contemporain de Villeurbanne

Collection en vue du 7/11/2015 au 23/01/2015

**7 ou 5 mm texte inauguration 1% artistique médiathèque