Un cœur à la racine

Un cœur à la racine                                                 le 30 mai 2017  12h45mm

Dimanche,

Alors que nous tentions de remonter la pente,

Sous un soleil de plomb,

Montée des forts, à Belfort,

Mes yeux furent retenus

Par une silhouette familière

Comme celle d’une main d’écolier

Maintes fois tracée au dos d’une carte,

Nous étions bien le jour de la Fête des mères,

Un cœur absent, certes

Mais dont le sol avait gardé l’empreinte, Le contour.

Il nous fallait faire attention,

Où nous mettions nos pas.

Une trace, semis naturel

Comme peut-être les morts,

Laissent aux vivants,

De petits signes

Qui parsèment le chemin de nos vies,

Pour nous dire simplement qu’ils sont là,

Qu’ils étaient là, qu’ils seront là.

Une petite balise, géo localisée,

Qu’il me fut facile de fixer sur mon portable.

Il n’y avait pas de message accroché

C’est à nous qu’il appartient,

De mettre les mots.

C’est à nous qu’il appartient,

De leur donner du sens.

C’est à nous qu’il appartient,

D’en pérenniser la mémoire.

Nous ne sommes pas toujours prêts à les recevoir,

Cela demande du travail,

Cela demande de l’attention

Cela demande du temps,

De remonter le temps.

Mais quelle joie de ressentir de nouveau le sourire d’une mère,

Le sourire d’un père, le sourire d’un enfant, le sourire d’un ami

Une fois le devoir accompli,

Une fois la copie rendue,

À nos chers disparus,

Disparus mais encore présents

Pour et par d’autres petits pas d’humanité

Qui s’incarnent ainsi en nous sur le chemin,

Le temps d’une brise légère,

Et son frisson,

Quand le verbe se fait chair.